11 octobre 2014
Un peu plus de détails
SOUVENIRS
DE LA LIBÉRATION DE MALAUCÈNE (IX)
Quand Malaucène accueillait des gens d ‘ailleurs
3 septembre 1939. L’ensemble du Conseil municipal est « consacré à la situation tragique créée par le coup de force hitlérien ». On se déclare totalement solidaires du gouvernement et « confiants en la destinée de la France [...] et prêts à se consacrer entièrement à soulager dans la mesure du possible les souffrances risquant de découler de la situation actuelle. »
3 mars 1940. Le Conseil municipal prévoit des crédits pour aménager des locaux pour accueillir des réfugiés ou des assignés à résidence (il y en eut). On a perdu toute mémoire de ces personnes déplacées par la guerre. Comment vivaient-elles chez nous ? Une chose est sûre : elles essayaient de communiquer avec leurs parents restés au pays.
25 septembre 1941. Une circulaire signée Louis Valin, préfet de Vaucluse réglemente l’envoi de télégrammes et rappelle qu’ils doivent recevoir le visa du Commissaire de police ou du Maire.
À Malaucène, on va ouvrir en mairie un cahier sur lequel seront notées toutes les caractéristiques de ces correspondances.
Le premier envoi date du 8 octobre 1941. Il est expédié par une personne ayant un nom à consonance allemande qui est logée à l’Hôtel du Ventoux. Un de ses parents, son conjoint peut-être, est dans un hôtel à Hussel dans la Corrèze. On aura ainsi quatre messages provenant du même expéditeur qui manifeste son « cafard » de ne pas être avec la personne aimée et qui lui envoie de nombreux baisers.
Janvier 1942. Un autre télégramme est expédié en Écosse. L’employé aux écritures s’excuse de ne pas pouvoir traduire le message rédigé en anglais.
C’est durant le même mois qu’un nom à consonance totalement juive annonce qu’il « sera à Orange jeudi à 8 heures » très probablement pour accueillir l’absent ou l’absente.
4 février 1942. « L’Écossais » (qui prétend être un matelot) dit combien il voudrait revoir sa famille, « surtout Agnès » et précise « Très gentils ici, mais très calme ». Par les temps qui courraient, on n’aurait pas dû se plaindre du calme ! Cette correspondance va être très suivie : 13 envois entre décembre 1941 et le 17 mai 1942. Tout y passe : le poids pris parce que trop calme, les colis et les lettres reçues régulièrement (tous les quinze jours) et les témoignages d’amour !
Il est même question d’un conseil de révision à passer à Marseille avec souhait de réforme. Impossible d’en savoir plus sur ce conseil et cette réforme.
Dans le chapitre « mondialisation à Malaucène », nous avons aussi deux télégrammes très laconiques expédiés à New-York. « Nous bien. Lettre chemin ».
Le cahier s’arrête, on ne sait pourquoi, le 3 décembre 1943.
LE DIAPORAMA
La couverture du cahier des télégrammes
Fac-similé du texte d'un télégramme