Libération de Malaucène (10)

Une figure de Malaucène sous l’Occupation


Omer Rousseau était du siècle et avait donc 44 ans en 1944. Ce n’était plus un jeunot comme la plupart des Résistants que nous avons rencontrés et il avait un long vécu de militant derrière lui.. En effet, probablement avant-guerre, Omer a participé à la fondation de la section locale de la SFIO et a été également le responsable-fondateur du Syndicat des ouvriers papetiers (voir photo d’un courrier au maire). 


Il vivait dans la Grand’Rue et il a dû être témoin de nombreux faits de Résistance mais il n’en a pratiquement pas parlé. Il fut de l’expédition du tunnel du Barroux et pourrait avoir assisté, désespéré, à son dénouement aux Papeteries. 


Il nous a quitté relativement jeune.  C’est sa fille Yvonne Peyre qui nous a donné le peu de renseignements qu’elle avait. Qu’elle en soit remerciée.


                                              Jacques Galas

17 octobre 2014



Un peu plus de détails


SOUVENIRS 
DE LA LIBÉRATION DE MALAUCÈNE (X)
Tranches de vies

Omer Rousseau serait probablement très heureux que je commence cette évocation par le souvenir de sa fille Yvonne dans la Grand’Rue. Elle avait ses poupées et les poules des voisins qui traînaient là. Et elle voulait leur faire l’école ! « Pour les poupées, c’était assez simple. Je les alignais sur le trottoir et elles étaient bien sages. Quant aux poules, c’était beaucoup plus compliqué ! » Vous l’avez tous compris, Yvonne avait une vocation et, dès qu’elle a pu, elle a été institutrice et a poussé l’engagement à épouser un instit.

Un Résistant discret
Le côté militant d’Omer, signalé en introduction, fera qu’il entrera officiellement dans le Maquis Ventoux très tôt. Le 15 mars 1942 précise sa carte de FFI signée du colonel Beyne et du commandant des FTP qui pourrait bien être André Chanavas. 
Yvonne sa fille a fouillé ses vieux papiers et a trouvé des cartes qui parlent.

La solidarité villageoise
À ses temps libres, Omer allait donner un coup de main pour la cueillette des fruits à Gaston Bagnol du côté de La Boissière (Route de Suzette). Les différentes publications autour des Maquis de la région nous disent que de nombreuses fermes du massif de Saint-Amand/Suzette ont été très accueillantes pour les maquisards. Les solidarités entre ouvriers et paysans vont également entraîner un compagnonnage dans la Résistance. Ainsi, Yvonne a entendu son père parler des activités qu’il a eues avec Gaston Bagnol. Et Raymond, le fils de Gaston, encore vivant se souvient aussi.

Notamment de ce jour où un parachutage avait eu lieu à la Chaîne et où un camion des Vaisonnais était resté par là. Le lendemain il avait fallu atteler le cheval à la charrette, charger les armes sur la dite charrette, les couvrir de fagots et conduire le tout dans un cabanon de Chantemerle. Tout cela avec des nazis et la Milice qui mettaient leur nez de partout.

Où l’on retrouve les miliciens de Robert Liotaud
Robert Liotaud nous avait laissé avec des miliciens place de l’Église (voir notre n° 8). Le même jour, ces derniers ont ensuite descendu le Plan de Laval et on notamment rendu visite à la ferme de Gaston. Sans trop de dégâts semble-t-il.
Une autre fois ce fut une escouade d’Allemands qui s’arrêta là et qui mettra la main sur le jambon de la ferme.
Plus tôt, semble-t-il, des Allemands voulant fouiller la maison, ouvrirent la porte d’entrée de la ferme et visitèrent toutes les pièces de la cave au grenier. Ils ne se sont jamais aperçu que la porte d’entrée ouverte cachait une autre porte donnant sur la chambre qui accueillait de nombreux passagers clandestins, avec leurs sacs et leurs armes, qui dormaient là pour ensuite prendre la route vers Le Buis ou Sault pour rejoindre le gros de la troupe des FTP ou des FFI. Un peu de chance n’est jamais de trop dans cette vie de brutes.
C’est probablement suite à l’une de ces expéditions que les nazis incendièrent la ferme du Dégoutau, elle aussi jugée bien trop accueillante.

La rafle du 1er août
Michel Tromel (notre n° 2) a déjà évoqué les circonstances de cette rafle qui, évidemment, est venue suite à une ou plusieurs dénonciations. Omer était de « la charrette». Selon Claude Arnoux, l’auteur de Maquis Ventoux, ils furent douze emmenés à la prison de Sainte-Anne à Avignon. Mais le compte rendu officiel n’en relèverait que dix : Henri Cox, Jean Dutauzia, Raymond Legloan, Abel Liotard, Paul Robert, Omer Rousseau, Henri Sauvayre, Alphonse Sorbier, Henri Testard et Paul Vendran. Omer confiera à sa fille que les soldats Allemands commençaient à craindre la suite des événements et qu’ils ne le maltraitèrent pas outre mesure. Lui aussi, comme d’autres, craignait surtout les excès de la Milice.
Quelques sources sont assez hésitantes sur la durée de détention. La carte de déporté d’Omer est précise. Il fut interné à Sainte Anne du 1er août au 22 août 1944. Trois semaines dans un tel lieu, ce doit être long...
Il a donc été libéré lors de la Libération d’Avignon.



LE DIAPORAMA


Omer Rousseau