Malaucène
est un petit village au nord du département du Vaucluse situé à
340 m d’altitude, dans un bassin ouvert au nord et appuyé sur le
pied occidental du Ventoux. Malaucène est en retard d'une semaine sur Carpentras
ou Beaumes de Venise dans la date des travaux agricoles.
Les
températures sont plus fraîches et le Ventoux suscite des
précipitations plus abondantes qu’à Carpentras.
La fin de l’hiver et le début du printemps sont pour le paysan une période d’inquiétude, souvent de catastrophes en raison des gelées tardives, du vent ou de la pluie pendant une végétation en plein essor. La lutte entre le vent marin (vent chaud du sud, fournisseur d’humidité) et le mistral (vent froid du nord, chasseur de nuages), se traduit par de brusques variations au thermomètre avec des écarts de 25 degrés en avril.
Malaucène est une exception grâce à la source du Groseau, née des précipitations (pluie, neige) absorbées par la masse calcaire du Ventoux et qui disperse son eau abondamment grâce à des canaux dans le village et qui se poursuit dans le plan de Laval en direction de Vaison. Cette eau permet de faire face pendant l'été à une période de sécheresse.
La polyculture (plusieurs cultures différentes) était pratiquée par rapport au climat et par rapport aux conditions économiques et autrefois pour satisfaire les besoins en nourriture et en habillement de la population :
Les céréales : la culture des céréales était le fondement de la vie agricole : le blé, l’avoine, l’orge, le seigle, le mais, le millet pour fabriquer de la farine pour le pain.
La vigne trouvait dans notre climat, dans nos sols d’éboulis calcaires, d’alluvions caillouteuses ou graveleuses et de molasse sableuses (sols qui s’échauffent facilement) des conditions très propices à son développement. La tentation était grande pour le paysan de garnir de ceps de vigne les pentes dont il s’acharnait à tirer une maigre récolte de céréales.
Les cadastres de 1414 attestent l’importance de la culture de la vigne et il n’est pas rare de voir des étendues de plus d’un hectare de vignes. De plus, Malaucène est une étape sur la route des marchands et une demeure temporaire du premier pape d’Avignon.
Le vin représentait la récolte principale de Malaucène en 1643 avec 3000 charges contre 2000 pour le grain. Mais cet avantage va s’amenuiser au cours du XVIIIème siècle, la vigne perd de son importance et ne constitue qu’une partie des revenus et non plus la quasi-totalité.
Dans ces conditions on se reconvertit vers les vergers.
Arbres fruitiers et oliviers : les arbres tenaient une grande place dans l’économie paysanne ; grâce à leurs longues racines qui vont chercher en profondeur un peu d’humidité, ils s’accommodent de la sécheresse.
Au siècle dernier, les moulins à huile étaient aussi nombreux que les moulins à farine, preuve de l'importance de la culture de l’olivier.
Les fruits constituaient aussi une ressource fort appréciable pour le paysan qui cherchait à développer le plus grand nombre de cultures complémentaires.
Vers la fin du XVIIIème siècle, l'agriculture s’enrichissait de productions nouvelles qui allaient permettent l’utilisation partielle de la jachère : les pommes de terre récoltées pour la première fois à Malaucène en 1783, en 1852 cette plante couvrait 150 hectares dans le canton, ce qui constituait une importante ressource alimentaire.
Les cultures industrielles :
- le mûrier était la source de revenus la plus importante dans l’économie du temps jadis qui servait à produire des vers à soie (chenille du papillon du mûrier).
- Malaucène cultivait aussi le chanvre (10 hectares environ en 1860), le lin et les chardons dont la fleur épineuse servait à carder la laine.
- Au XVIIème siècle, on faisait pousser le safran où la fleur que l'on utilisait comme colorant se vendait très cher.
Les fourrages artificiels comme le trèfle, luzerne sainfoin réputés vers le milieu du XVIIIème siècle pour leurs vertus améliorantes, furent frappés par la dîme en 1786 à Malaucène (un impôt versé à l’Eglise : environ 1/10 des produits de la terre (impôt aboli en 1789).
La garance introduite en 1763 connut une fortune prodigieuse (herbe cultivée pour sa racine qui fournit une substance colorante rouge).
Au cours de la 2ème moitié du XIXème, de nombreuses crises agricoles ont eu lieu telles :
Aujourd’hui : On assiste aussi au grand essor des cultures fruitières (abricotiers, cerisiers, pêchers, un peu oliviers) et des cultures maraîchères (tomates, asperges).
Le vignoble est aujourd'hui la principale ressource sous 3 formes :
Vin : AOC VENTOUX (appellation d’origine contrôlée : label) Côtes du Ventoux regroupe environ le tiers des vignerons de Vaucluse.
Raisin de table (de bouche : muscat de Hambourg)
Culture de plants greffés : pépinières viticoles qui se sont développées grâce à la technique du greffé/soudé dont les vignerons du Ventoux se font une spécialité entre 1880 et 1885 pour vaincre le phylloxéra qui anéantissait les vignes ailleurs depuis 1860. Le seul marché physique au monde des plants greffés se tient toujours chaque vendredi à Carpentras de novembre à mars et fixe les cours du marché international.
L’ancienne variété de raisin blanc « gros vert du Ventoux » est aujourd’hui abandonnée au profit du raisin noir commercialisé sous le nom de Muscat de Hambourg, du nom de la variété de vigne importée d’Italie au XVe siècle dont il est issu, et qui bénéficie depuis 1997 de l'AOC « muscat du Ventoux ».
Parmi les fruits et légumes les plus cultivés de nos jours figurent la cerise, la fraise (connue sous le nom « fraise de Carpentras »), le melon, l’abricot, les asperges et le raisin de table.
L’agriculture a su s’adapter aux nouvelles exigences économiques et le paysage agricole se modifie complètement au cours du XXème siècle : les vergers et les vignes remplacent les céréales, les mûriers, la garance …
Hormis l’agriculture, l’économie la plus facilement identifiable autour du mont Ventoux est liée au tourisme. Même les producteurs viticoles semblent tenir compte du développement du tourisme et un grand nombre de domaines viticoles proposent en plus de la traditionnelle dégustation de vins de véritables cours d’initiation à l’œnologie.
Pendant les dernières décennies du XXème siècle le tourisme prend le dessus et l’agriculture cède sa place à l’immobilier.
Victor